136. Cordoba

Apres un peu plus de deux semaines dans la capitale argentine, donc, Matthieu cherche un travail de serveur pour s'installer quelques temps. Pour ma part, c'est bien assez de temps dans une ville de cette taille. J'y ai passé de bons moments mais je la quitte sans regret.
Apres avoir discuté avec de nombreux cyclistes, une conclusion se met vite en place : sortir de la ville a vélo est une mauvaise idée. Outre la pollution évidente, les conducteurs fous auxquels on a gouté en ville, il faut compter pres de 80km de routes surchargées pour sortir de la mégalopole (au meilleur des cas). Un theme important se met également en place : l'insécurité. Il semble que c'est LE sujet de discussion en Argentine. La parano est omniprésente. Bref, donc, meme si ce n'est pas ma préoccupation principale, ca n'arrange pas le tableau et je préfere prendre le train.


 Pour moins d'un Euro, et une bonne demi-journée de trajet (les trains urbains sont lents et je loupe ma correspondance, ce qui me coute 2 heures de plus), je me rends donc a Zárate, petite ville en bordure de métropole. Le trajet s'effectue en compagnie d'un groupe bruyant de gens bourrés qui sniffent de la cocaïne ouvertement dans le wagon, le tout en présence de leurs enfants en bas age (qui se bornent au Coca Cola), jusqu'a ce que la police vienne s'installer et ruiner un peu l'ambiance. Au départ du second train, tout le monde (ivrognes compris) s'empresse de fermer les fenetres malgré la chaleur étouffante. La raison? On s'apprete a traverser une villa, un bidonville, disons, et la météo annonce pluie de pierres... Par chance, je suis assis a la seule fenetre qui ne ferme pas. Mais tout se passe bien.


A Zárate, donc, j'arrive trop tard pour me lancer sur la route et je me rabats sur une station service apres m'etre fait offrir quelques viennoiseries accompagnées d'avertissements sur l'insécurité par un couple en voiture.


Le lendemain, j'attaque des 8 heures les choses sérieuse : l'autoroute 9, qui va a Rosario et Córdoba, les deux plus grandes villes d'Argentine apres Buenos Aires. C'est interdit aux vélos mais personne ne m'embete.


La journée est longue et efficace : devant le paysage absolument sans intéret et la platitude de la route, je ne fais pas beaucoup de pauses, et un leger vent dans le dos vient m'aider un peu. Le soir, a nouveau dans une station service (pas grand chose d'autre sur cette route au milieu des champs), mon compteur indique 177km. Record battu.



Dormir au bord d'une autoroute majeure n'est pas réellement de tout repos, avec le trafic incessant de camions, mais on fait avec.


L'été s'installe sur l'Argentine. Le mercure grimpe, et l'ombre est indispensable pour la pause casse-croute


Encore faut-il la trouver! Je quitte l'autoroute qui fonce droit dans Rosario pour emprunter une sorte de périphérique éloigné, étroit et dangereux pour éviter le bazar.
Je casse un cable de vitesse en entrant a nouveau sur l'autoroute en direction de Córdoba. Ce modele est quasiment introuvable en Argentine, mais heureusement j'en ai un de rechange envoyé par Papy. Trainé dans  mes sacoches depuis le Pérou, il s'avere une benediction!


J'arrive le soir a Armstrong, petite bourgade sans rien de spécial. Je remarque en arrivant les voies de chemin de fer. L'une d'elle semble etre plus ou moins remise en état, ce qui est surprenant car les trains ont quasiment été rayés de la carte sous la présidence de Menem, dans les années 90. Une stratégie politique efficace qui a pour but et effet de surcharger toutes les routes du pays en camions qui puent, pour le malheur de tout le monde sauf des gros investisseurs qui s'en mettent plein les poches. Le détail qui tue, c'est que les voies ici conservées servent a transporter du soja transgénique et autres céréales, directement de la pampa jusqu'aux ports de Buenos Aires. Pourquoi en train et pas en camion? Tout simplement parce que les gros investisseurs, justement, font leur beurre avec le soja, et si les camions sont bons pour gagner un peu plus sur le dos des autres, ils ont bien compris que le train est beaucoup plus efficace pour leur business a eux. Salauds mais pas cons!


Toujours est-il que pour traverser Armstrong, la pauvre ligne qui reste nécessite un garde-barriere. Le garde-barriere nécessite une petite maison, qui vient avec un bout de jardin. Le bout de jardin convient tout a fait a ma tente, merci!


Ciao les potes garde-barriere du matin et de la nuit


Un panneau? Quel panneau? Non, je plaisante, M, l'agent, je sais que c'est interdit aux vélos mais c'est beaucoup moins dangereux que l'ancienne route, toute étroite et sans accottement. Sur l'autoroute il y a un large espace qui me permet de rouler tranquillement, sans déranger les véhicules et vice-versa. Mais le flic borné ne me laisse pas continuer. Comme il insiste sur le fait que l'autoroute est beaucoup trop dangereuse, je lui fais jurer que l'ancienne route, sur laquelle il m'impose d'aller, dispose d'un accottement et qu'il n'y a pas trop de trafic de poids-lourds.


J'en conclus que M. le policier est un enfoiré de menteur.


Une heure de stress plus tard, je croise un bus conduit par un mec beaucoup moins menteur que le flic : il m'expose d'un geste méprisant mais tres clair mes options : choc frontal a 100 km/h ou plongeon dans le bas-coté a 20 km/h. Je choisis de vivre et je maudis profondément le flic qui m'a mis dans cette merde.


J'arrive dans un bled bof


Je campe dans un petit parc au bord de la route, a la sortie


Heureusement que, dans tout ca, les gens sont assez sympas.


Sinon ce serait un peu le bad!


Joie de faire partie du trafic en traversée de ville


Ce soir, douche improvisée, froide mais bienvenue


Je campe dans un ranch de polo!


Super accueil de Fernando et sa famille, et voisins pas chiants pour la nuit.


La route est toujours passionnante. les journées sont longues mais je ne prends pas beaucoup de photos!


Camping sauvage entre les rails du soja et un champ.


Le spot camping vu de la route. Invisible!


Pas d'ombre pour la pause pique-nique aujourd'hui, Aïe le crane!


Derniere photo a l'approche de Córdoba. La suite se passe sur le périphérique, trop chargé pour rouler sur le béton, je dois rouler dans les cailloux et les débris divers a coté. Super. Je crois qu'avec le Pérou, l'Argentine est un des pays les moins sympathiques envers les cyclistes, parmi les pays que j'ai pu traverser.


J'arrive heureusement chez Luciano et Sol, qui m'attendent grace au site warmshowers.org , le couchsurfing des cyclistes. Je débarque en plein dans leur boulot, ils sont céramistes.


Des le lendemain, maté en main, c'est parti pour un anniversaire a la campagne!


Petit asado chez le Polonais, qui n'a rien de polonais mais qui fete ses 30 ans, apres un petit tour de 2 ans en couple et a vélo en Amérique du Sud...






La pluie nous tombe dessus le soir mais tout va bien


Le lendemain il refait beau




Un temps parfait pour récolter les mures, histoire d'en faire du vin. Je n'aurai pas l'occasion d'y gouter, malheureusement!






Retour a Córdoba


Il faut bien que Luciano bosse!




Le palais du gouvernement provincial...


la cathédrale




Le musée des beaux arts. Les deux photos sont du meme batiment!




Le musée d'art contemporain, ou l'on n'a pas le droit de prendre de photos










Je commence a developper une certaine tendance a me faire héberger par des tatoueurs


Lumieres dans la maison de Luciano et Sol...





Je récupere apres plusieurs jours d'attente ma tente que j'avais déposée chez une couturiere pour qu'elle change la fermeture éclair. Sans moustiquaire, impossible de continuer dans la pampa!
Des la sortie de Córdoba, j'attaque, enfin, une étape de montagne. Ca me manquait!
A travers la Sierra de Córdoba, direction Mendoza, la route des vins!



1 commentaires:

ponpon said...

c'est bien d'avoir des nouvelles en léger différé seulement, on était un peu frustré depuis qq temps.
Profite de la route des vins...