102. Un dia, un abra

Après une belle galère de pont, donc, nous voici à nouveau en piste, et l'aventure n'est pas finie, car à partir de maintenant, nous nous confrontons chaque jour à un nouveau col, voire deux. De quoi mettre à l'épreuve le physique, le mental et la mécanique.

Le Rio Pampas nous a couté de la patience, mais nous dévoile un magnifique paysage en échange

Le goudron, c'est dans longtemps. Très longtemps...

La magie du Pérou, c'est de manger poulet-riz ou oeuf-riz pendant des jours et des jours, avant de tomber sur un resto dont le but est de tant nous gaver de plats multiples que nous avons du mal à repartir. L'astuce est de tout mettre sur la table en meme temps, pour que l'on soit obligés de manger vite vite avant que ca refroidisse.
Au premier plan - Choclo con queso - les mamitas en vendent souvent sur le bord de la route.
Après un tel festin trop vite englouti, la montée est duuuuuure!

Dans les hospedajes pas chers, il arrive que les draps ne soient jamais lavés, que le proprio soit à moitié sourd (difficile de négocier), qu'il prenne des initiatives malheureuses avec les vélos (essayer de les déplacer alors qu'ils sont cadenassés, par exemple), que le terrain soit inondé, qu'ils soit habité par des poules (bizarres), des cochons (ravageurs), et des cuyes (cochons d'Inde) couinants, et que le chien gueule en permanence.

Il se peut aussi que l'eau de la douche approche les 2 ou 3 degrés et que les toilettes soient difficilement pratiquables

N'empeche, entre deux averses, il y a assez de soleil pour sécher nos vetements et les poules

Pas loin, on peut trouver des connexions ultra-haut-debit et sans fil

Grace aux nombreux placards, penderies et étagères, les cyclos peuvent assouvir leurs fantasmes d'ordre et d'organisation

L'architecture a l'échelle humaine, encore une fois, permet de s'épanouir pleinement dans l'espace, s'étirer et sauter partout (dernière action facilitée par le plancher ultra-solide qui ne risque pas du tout de s'effondrer en cas d'abus)

Après la joie de dormir dans un lit propre, la joie de repartir sous un soleil radieux et sur un goudron souriant

Au Pérou, les retards dans les travaux sont une légende.

Petite pause a la montée

Et un petit col à 4240m. Bonne nouvelle : tout le monde nous a annoncé du goudron pour le reste de la route. Joie!

11 km de bonheur, le vent glacial et la pluie en plein visage, mais sur du bon vieux bitume, aaaaah! Mais subitement, tout s'effondre. Le goudron s'ar´rete et laisse place a plusieurs dizaines de kilomètres de travaux. Les bulldozers nous ont fabriqué de la bien belle boue pour finir la journée!

Du bonheur à tartiner, kilomètre après kilomètre.

Fin de la journée, et une bonne douche dans une station-service pour les vélos. Les cyclo-crados attendront leur tour, il faut encore arriver à Andahuaylas. Enfin une ville!

Tradition de la région : attacher un condor au dos d'un taureau et laisser l'oiseau venir à bout du bovin à coups de becs et de griffes. Ça prend longtemps, c'est plus ou moins interdit, c'est sanglant et ça représente la lutte des peuples locaux contre l'envahisseur espagnol. Sympa.

Bonheur de trouver un marché avec de belles couleurs, car marché = autre chose que poulet + riz. Youpie!

Petite journée hors-vélo pour reposer un peu les corps fatigués et profiter de la grisaille au bord d'un petit lac plutot que sur une route pourrie.

Trucha! Merci le lac!

A Andahuaylas, pour ne pas nous dépayser, la boue s'est invitée jusque dans le centre-ville. Bizarrement, au matin, il n'y en a presque plus. La pluie doit y etre pour quelque chose.

Joie du départ : traffic, nids-de-poules, nuages de gaz d'échappement.

Joie de monter dans les cailloux

Joie de la pause-déjeuner : pain, fromage, avocat, un festin!

Joie de se rapprocher du col du jour

Joie d'arriver pour de bon a la fin de la montée

La pause est courte. 4080m.

Joie de redescendre au soleil!



Petit détour hors de la route principale pour trouver un toit pour la nuit. Gros espoirs



Un des pires hospedajes qu'on ait pu gouter. Mais un toit est un toit quand le brouillard des montagnes étend sa froide main moite sur toute la région.

Lorsque le brouillard se dissipe au matin, on reprend du service.

La route est toujours aussi sympathique


Et paf, encore un col! 3920m.

Et paf! Encore de la boue!


Le but du jour se dessine au loin : Abancay, la ville où si on a le malheur de laisser tomber un objet roulant, il dévale les rues jusqu'à la route, tombe dans une rigole, s'enfuit jusqu'à la rivière en contrebas, et s'embarque pour l'Amazone, pour peut-etre, un jour, connaitre l'Atlantique.

Mais il ne suffit pas de voir, il faut atteindre. Descendre, tout d'abord... Nous sommes encore à 50km de la ville

Nous avons quitté la boue des sommets pour la poussière et les plantes grasses de la vallée

Après le passage du pont à 1800m d'altitude, devinez quoi? Joie! Du goudron

L'excès de piment est dangereux pour la santé mentale.

Le respect des règles de stationnement est pris très, très au sérieux par la population péruvienne, dont la police fait bien sur partie.

Le moindre mur accueille toujours les nombreux slogans de campagne présidentielle. Ici, une promesse de faire baisser le prix du pain.

Meme sur du beau goudron, il reste quelques difficultés. La dernière pluie n'est pas loin, et les passages a gué en montée sont légèrement périlleux

Arrivée à Abancay. Ouf! On respire à fond sur les quelques kilomètres traditionnels de garages, soudeurs et bricoleurs divers.

Une bonne dose de métaux lourds dans les poumons plus loin, nous pouvons apprécier l'arrivée dans un centre-ville coquet.




Dans un bar local, la petite bière fraiche qui fête le franchissement du gros de l'étape Ayacucho-Cusco n'est pas au menu. Ici pas le choix : c'est thé à l'alcool de canne à sucre, thé au rhum ou thé au Pisco. Quoi un verre? Non monsieur, c'est au pichet uniquement. Mais c'est pas cher et nous avons le droit au portait géant d'Alizée, lumineux s'il vous plait, pour donner la petite touche locale. Ca colle bien avec les bancs couverts de peaux de moutons!

Y'a pas que les jambes qui souffrent, les freins disent Suffit!

Départ du matin en montée, bien sur. Attention à ne pas faire tomber un objet roulant, hein!

On ne les prend pas beaucoup en photo, mais ce n'est pas facile. Les véhicules, surtout les bus, roulent comme des dingues, et n'ont visiblement aucun cas de conscience en ce qui concerne les risques qu'ils prennent pour nos petites vies de cyclistes parasites des routes. De temps en temps, dans les virages serrés comme dans les longues lignes droites, les croix rappellent à ceux qui veulent bien l'entendre que la route, c'est dangereux. Mais ca ne refroidit pas grand monde...

Une montée ensoleillée, deux jours de suite, rare!


Et encore un col après 36km de montée! 3970m. Qu'est-ce que ca passe vite, sur un blog!

Et encore une redescente

Et encore une rivière au bout! (c'est déjà le lendemain)

Nous sommes redescendu en dessous des 2000m, encore une fois!

Après le pont, cadeau : quelques kilomètres de plat.

Quelques rencontres


Imaginés mais jamais vus au Mexique qui les connait surtout noirs ou blancs, toujours pas vus en Amérique Centrale, oubliés en Colombie et en Equateurs, les voici les voilà : les haricots rouges! Miam!

Quand le Péruvien dit atun (thon), magie! C'est de la bouillie de sardines qui sort de la boite! Heureusement, dans l'avocat, c'est de l'avocat.

Et dans la montée, ben... c'est toujours de la montée. Y'a beau tourner et retourner la carte, la pente ne change pas!


Parfois, des enfants courent à nos cotés. Parfois ils nous parlent en courant. Parfois, ils fatiguent un peu et décident de s'accrocher pour tenir le coup. Ca ne rend pas la montée plus facile, mais c'est marrant et puis ca ne dure heureusement pas trop longtemps.

Et les joyeux bambins nous offrent de la canne à sucre. Plutot bon esprit, non? Ca change des Dame plata (donne-moi de l'argent)

Dernier gros col - 3780m - avant Cusco, avec le Salkantay (?) au fond en prime

Un plateau, donc du plat! Joie!


Mais du trafic qui aime aussi le plat et les lignes droites, au moins autant que la vitesse. Pas bon cocktail avec nous, pauvres petits cyclistes a 20 km/h

Après quelques ennuis avec un conducteur de bus trop pressé et deux nuits à Anta, nous y voici enfin. La fin du calvaire, le nombril du monde des Incas, Cusco!
Une derniere photo du dernier col - 3660m - et nous nous enfoncons dans le trafic pour entrer dans le coeur de la ville et prendre une  bonne pause.
Pause méritée; après un calcul rapide nous avons grimpé 10 000m de dénivelé positif (cumulé) entre Ayacucho et Cusco, en 10 jours roulés et en ne comptant que les cols... Piouf.

Après les cailloux, les pavés. Ca rappelle l'Equateur, en moins tape-cul.

Il faut bien faire un peu nos touristes : hop! Photo devant la cathédrale.

Pause!

Prochaine étape : la vallée sacrée des Incas (sans les vélos), une partie hautement fréquentée de la Gringo Trail, truffée de sites archéologiques incroyables et couronnée par le célèbrissime Machu Picchu!

8 commentaires:

ponpon said...

Presque comme s'y on y était, on suit votre voyage de boue en boue mais... au sec. Bravo les mecs.

Anonymous said...

Incroyable. Vous êtes incroyables. Vous roulez dans la boue, dans le brouillard, les repas toujours pareils, les chambres...enfin les espaces dans lesquels il y a des lits on n'en parle pas, les salles de bain, là je ne sais pas si vous vous souvenez encore de quoi ça à l'air chez nous, quand aux WC alors là, la médaille d'or de l'horreur.
Et quoi? Et bien tout ça servi avec le sourire sur le blog. Un vrai beau sourire qui ne quitte pas vos visages. C'est un vrai bonheur que de vous suivre.Mille mercis. Une bonne leçon de vie...Encore...
M et M

cathy said...

la moustache te va a ravi muchacho!

Anonymous said...

Votre périple est génial les muchachos...t photos trônent sur notre cheminée mat...spéciale dédicace a la dernière reçu. Biz a vous hombre !!!!

Caseh Werner said...

Hello guys,

I'm a brasilian guy that travelling by bicicle too...i met yours in Estrelita hostal in Cusco...

See you on the road!

www.novaorigem.com.br

Anonymous said...

Rao ar iou mystere?
Ah le Perou, enfin un pays ou tout fonctionne... de travers!
Sur la bouffe, t'es un peu dur, moi je trouve que c'est le pays ou il y a la plus grande diversite culinaire depuis le debut, par contre l'hygiene pas terrible dans les restos! Faut avoir le bide bien accroche et manger beaucoup de piment.
J'adore la tete qu'ils tirent quand tu leur demande ou tu peux te laver les mains et ou est cache le pq, rien que pour ca j'adore ce pays, un vrai chaos!
Allez bonne route en Bolivie,enfin bon tape cul plutot, vous allez vous regaler aussi, la bouffe est super, lol.
Je me dirige vers Arequipa, toujours sous le soleil, pas vu la boue au perou au final!
Et super reportage photo, j'adore et je me marre a chaque fois, continues bat, genial.

Gringuito romano dollar

LEBAS said...

ce sourire... ces sourires... Purée les mecs ils ne lâchent plus la coca ! Tenir des 4 000/ 5000 m hilares c'est qu'ils mâchouillent, obligés.
Bonnes routes pour la Bolivie après votre pause dûment méritée.

Anonymous said...

Baptiste,
il y avait longtemps que je n'avais pas regarder ton blog et j'ai ratrappé mon retard; j'ai eu le souffle coupé en montant les cols et en voyant les paysages de neiges, la trouille de ma vie quand tu voulais traverser le fleuve dans la cage en fer. Mon estomac c'est retourné en voyant le menu et les toilettes...
Merci de nous faire partager tous ca..
tontonton