101. ¡No hay pase!

Nous voila donc a Ayacucho, avec un gros ras-le-bol de la pluie et de la boue qui nous fait envisager de prendre une pause de quelques jours pour se reposer un peu et attendre le debut de la saison seche, vu qu'on est en phase de transition. Les freins de Baptiste décident de nous forcer la main : les gaines et les cables sont foutus, complètement bloqués par la corrosion et la boue, il faut tout changer, et pour ca il faut commander les pieces a Lima. La plaisanterie nous bloquera sur place 9 jours, mais heureusement c'est loin d'etre le pire coin ou l'on ait trainé.

Petites balades en ville. Ayacucho possede un gros patrimoine colonial.

La Place d'Armes

Des écolieres devant la cathédrale

Retrouvailles avec Margot et Florence, deja vues a Huancayo, et découverte - enfin!- d'un resto peruvien sympa, original, bon et abordable, combinaison rare (ca s'appelle Ohm).

Luxe péruvien : la rue piétonne. Apres des jours de routes ou l'on peut compter les croix, et des rencontres de proximité avec les conductueurs, on apprécie!

Notre petit hostal ou l'on peut apprecier un peu de calme alors que le trafic est infernal dans la rue voisine.

Ses bêtes bizarres...

...et ses bêtes bizarres.

Petit air de deja-vu dans une polleria (ou le seul plat dispo est le poulet avec des frites), LE resto typique péruvien où si l'on en sort sans puer le graillon, c'est que c'était pas un bon!

Locaux administratifs du tribunal, tranquille!

La moitié de la ville est ravagée par des travaux d'assainissement qui duuuuuuurent!


Le dimanche, ca se rassemble sur la Plaza de Armas - surtout à l'approche des élections nationales

Petit tour au musée


Tableau rare : une famille péruvienne avec le sourire

A la sortie des classes, chicharron pour tout le monde! (peau et gras de porc avec un peu de viande attachée)

Dernier soir et un signe positif pour reprendre la route demain : la ville est inondée par une pluie subite. Les évacuations n'étant pas finies de contruire, la rue de notre hotel se transforme en torrent.

Avec nos courses du soir, des bouteilles d'eau pour le lendemain, impossible de traverser la rue pour rentrer a l'hotel, donc nous nous réfugions dans un bar le temps que ca se calme. Apres le mojito le plus degueulasse du monde, la pluie s'est calmée et nous pouvons rentrer nous coucher. Demain commence LA route difficile!

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Nous voici donc quittant Ayacucho pas sous la pluie. Nous avons le choix entre la route goudronnée, et "l'autre route". Toujours aussi malins, nous continuons les détours...

...avec toujours les petites péripéties d'usage

Mais il fait beau, chaud, sec et ca nous change! Bon, on passera la fin de la journee avec les pieds trempés a cause des gués trop profonds, mais on fait avec.



 
On a choisi cette route, entre autres, pour éviter le trafic. On est servis!

La journée est presque finie, et malgré nos efforts sur une route bien peu coopérante, nous voyons toujours Ayacucho qui nous nargue au loin. Cusco, c'est pas pour tout de suite!

Au resto du soir (oeuf sur le plat et riz nature au menu), débat entre les 5 gros candidats aux elections présidentielles. Qui reveut de la langue de bois?

Malgrés nos pieds trempés et nos vélos boueux, nous sommes accueillis a bras ouverts par le Centro de Salud du village de Chontaca. Un lit chacun pour la nuit! Seul le roquet nous rejette un peu.


Quelque part dans la journée d'hier, la boue est revenue, on ne sait ni comment ni pourquoi.

Il faut toujours monter

Petits champs de quinoa (quinua en Quechua)

Presque le col!

A peine 4000m, mais on en a vraiment bavé, la route était loin d'être clean et on se les caille!

Et l'habituelle redescente pour défaire tout ce qu'on vient de monter.

A partir de maintenant, il va falloir suivre. Sur la route entre Ayacucho et Cusco, ça c'était le col numéro 1.

Certaines bestioles ne sortent que la nuit (un Oposum ici), on ne les découvre que lorsqu'elles n'ont vraiment pas de chance.

La descente est longue, tres longue, ca se réchauffe progressivement et nous rencontrons un petit vieux assis sur le bord de la route, à l'entrée du village d'Ocros, et qui va casser notre bonheur.

¡No hay pase!
"Ça ne passe pas!"
Vous êtes pas au courant, les gars? Le pont a été emporté il y a un mois! Jusque là il y avait des bateaux qui traversaient, mais ce week-end, deux ont coulé et huit personnes sont mortes noyées. la police est - enfin - intervenue et maintenant plus personne ne passe.
Nous entrons dans Ocros pour faire une pause et manger. Tous les gens que nous croisons nous crient la même chose. ¡No hay pase! C'est la phrase du jour.
Un petit menu et nous revoila en piste, foncant de plus en plus bas vers l'incertitude. Esperons que hay pase quand même!

Une fois n'est pas coutume, un chien nous court aprés non pas pour nous bouffer, mais pour nous accompagner. Il nous suivra sur plus de 5 km de descente en attaquant tous les chevaux, vaches et ânes qui se trouvent a moins de 10m de la route.

La-bas, tout au fond, pres de 60km après le col et presque 2000m plus bas, coule le Rio Pampas, la méchante rivière qui a emporté le pont le plus important de l'unique route qui relie Ayacucho à Cusco.

Nous nous arrêtons a Chumbes, un bled encore 15 bornes avant le lieu fatidique. Notre logeur du soir nous annoncera la presque demi-bonne nouvelle que peut-être il y a une chance que demain, a un certain moment, des gens puissent traverser. Deux bateaux coulés sur trois, il en reste un. Qui n'en veut?
En attendant, une trucha, une bière à la façon péruvienne (c'est à dire tiède), une nuit de repos et on finit la descente pour voir ce qu'il en est.

Voila notre malfaiteur qui coule tranquillement dans sa vallée. En face, nous apercevons la route, si proche et si inaccessible!

Bon, finalement tout n'est pas si noir, hay pase!
Enfin... il faut voir les conditions.

Tout le monde nous assure que ca passe tranquille, avec les vélos et tout les bagages, pas de problème, le câble est tout neuf les gars, c'est du costaud! 

Nous nous gardons le temps de la réflexion, avec un léger penchant pour l'option de ne pas risquer notre vie dans une cage de fers a béton soudés a la main et suspendue 15m au-dessus d'une rivière furieuse où nous ne vaudrions pas mieux que les locaux question natation. Nos pensées silencieuses sont interrompues par la police qui arrive en face, ce qui cause l'arrêt direct du fonctionnement de la oroya (tyrolienne).

Nous remontons finalement à Ninabamba, le dernier bled de la route, apres avoir discuté avec la police croisée de notre côté de la rivière.

Nous attendons nos seuls informateurs, les policiers surarmés, pour connaitre une estimation du délai à attendre, et nous faire ramener à Chumbes, ou il y a le seul logement correct.


L'attente est longue, puisque, on peut le dire, elle dure toute la journée. Nous nous reconvertissons même un temps en porteurs, chargeant des kilos et des kilos de fruits et légumes sur un camion en partance pour Ayacucho. On tue le temps comme on peut, et ça casse un peu la glace, qui est souvent épaisse dans ces régions reculées.  A noter que les mamitas aiment nous faire charger des sacs de papas (patates), mandarines ou de mais de plus de 50kg. On est grand, donc on est fort Sûr mamita?

Heureusement, nous rencontrons des ingénieurs agronomes qui travaillent pour le Proyecto Palta, une ONG qui aident les producteurs d'avocats de la région, et qui sont aussi un peu embêtés par la situation.
Les flics ne sont plus très chauds pour nous ramener (promesses, péruviennes, n'est-ce pas) et nous disent qu'on peut demander a El Presidente de nous loger dans le local municipal. Le pas très aimable et très mou président de on-ne-sait-pas-quoi ne nous est pas très utile, et finalement ce sont les ingés qui nous logent dans leur bureau-garage-salon de thé.
Nous étudions les cartes avec eux. Le détour le plus évident fait plus de 800km. Non merci!
Il reste une autre option, d'un peu plus de 300km, par des routes incertaines, sur des montagnes isolées. Une bagatelle qui devrait nous prendre deux semaines au bas mot. Hummm...

Au matin, Matt part en éclaireur en moto-gadoue.
La bonne (?) nouvelle du jour, c'est ca :

Un bateau un peu frêle, au bout d'une route minable, qui fait la traversée depuis hier soir.
Cachons notre joie!

Petits adieux a nos amis d'un soir, merci a eux!

Et c'est parti pour une étape courte mais longue!

 La route, encore, ce n'est rien 

Il nous faudra 5 voyages depuis la route pour atteindre la berge avec tout notre bazar, glissades et chutes de pierres en prime

Nous finissons au pas de course pour arriver au bateau qui nous attend pour traverser. Mais d'abord, il faut mettre son nom sur la liste des candidats au naufrage, question de faciliter le travail des autorités en cas de pas de chance. Rassurant non?

Deux minutes pour charger et nous voila partis

Enfin! Après un jour et demi d'attente, nous sommes en train de traverser le Rio Pampas! Matthieu ne cache plus sa joie, contrairement à son voisin qui, lui, a jeté un oeil au courant de la rivière et a la trajectoire de notre esquif.
La courte euphorie passée, nous regardons nous aussi l'eau et rejoignons notre voisin dans son silence...

Heureusement, ca ne dure pas trop longtemps et nous voila de l'autre côté.

Soulagé?
En face, les colectivos marquent l'endroit d'ou nous avons du crapahuter pour descendre. Contents de ne pas avoir a faire ca dans l'autre sens!

Heureux d'être de l'autre côté, ca ne veut pas dire que ca devient facile pour autant.

Aïe!

Une courte étape, oui, mais fatigante! Quel bonheur de pouvoir enfin regarder la suite de la route. Nous avons fait quoi, 10 ou 15% du pire?

Allez, ce soir, une petite licor de caña miel pour fêter le fait que l'aventure continue!
Mais le plus dur reste a venir. En choisissant cette route, on a pris le forfait un col par jour :
Un día, un Abra


3 commentaires:

Anonymous said...

Et bien c'est de pire en pire. Question frayeur vous jouez avec nos nerfs. Et dire qu'il y a plein de beaux voyages organisés en car au Pérou!!!
Renseignez-vous dans la prochaine ville.
Allez on est de tout cœur avec vous et courage, courage.

Un dia, un abra cela pourrait être un nouveau concept pour les agences de voyage!
M et M

Thomas said...

Ahlala... énorme le voyage des derniers jours !

Merci pour le récit, y'a peu de patt de Matt' là-dedans, non ?

En tout cas géniales les aventures, on se croirait presque dans les cités d'or... mais avec des fourmis en plus !

cathy said...

A quand Cliffhanger au Pérou? J'ai beaucoup aimé la cage de fer au dessus de la rivière!